Une prune de qualité mais en petite quantité

Si le manque d’eau engendre une faible récolte cette année, en revanche, le soleil a permis aux fruits d’être beaucoup plus sucrés que d’habitude.

En cinquante ans de carrière, c’est la première année que Benoît Lefèvrerécolte si peu de prunes. Moitié moins que l’an passé, selon ses prévisions. D’habitude, le pruniculteur au béret en ramasse 180 tonnes.La faute à un été très sec et aux sols calcaires très filtrants de son exploitation, située à Saint-Germain, aux portes de Villeneuve-sur-Lot. « J’ai arrosé comme dans le désert, 10 % de la surface grâce à un système d’arrosage spécifique, en aile de papillon. En mars, nous étions déjà en déficit d’eau car l’hiver a été peu pluvieux. » Les fortes chaleurs aussi, mais pas seulement. Ce qui a fait défaut selon lui, c’est aussi le manque de fécondation des fleurs de ses huit hectares de pruniers. Un phénomène qu’il ne s’explique pas.moins-de-fruits-cette-annee-mais-une-grande-qualite_3127163_800x400

Entre 5 et 20 % de pertes

Le Bureau interprofessionnel du pruneau (BIP) estime les pertes entre 5 et 20 % dans le département, selon l’exposition et la nature des sols. « Les prunes ont attrapé des sortes de coups de soleil et certaines ont brûlé », explique le président du BIP, Jacques Pomiès. Les prévisions tablent sur 30 000 à 32 000 tonnes de prunes ramassées cette année contre 37 000 l’année dernière. Des récoltes de faibles quantités qui inquiètent les transformateurs. « Il n’y a plus de stocks de pruneaux de l’an passé. Combiné à une faible récolte cette année, cela va être compliqué. Nous n’excluons pas qu’il y ait du chômage technique», indique le président de France Prune, Jean-Luc Jagueneau. Mais le président du BIP se veut rassurant : « Le fruit étant peu gorgé d’eau, nous espérons récupérer du volume du passage du fruit vert au fruit sec. » Car si l’an dernier il fallait 3,4 kilos de prunes pour réaliser 1 kilo de pruneau, cette année, le BIP espère que trois kilos suffiront.

 

« Les prunes ont attrapé des sortes de coups de soleil et certaines ont brûlé »

2105861_140_10676529_800x1200pEt les marges s’annoncent intéressantes pour les producteurs. Car si les quantités ne sont pas au rendez-vous, le prix du pruneau d’Agen, lui, se voit valorisé cette année, de plus de 15 % par rapport à l’année passée. Alors que le prix avait déjà augmenté de 20 % en 2013, en passant à 1,80€, malgré la présence du Chili sur le marché qui tire les prix vers le bas. « Cela va devenir intéressant de faire de la prune », se réjouit le président du BIP. Car pour vivre, beaucoup de producteurs doivent cependant avoir recours à la polyculture. Les céréales et les vergers permettent de compléter leurs revenus. Si la sécheresse a donné moins de fruits, ils sont cependant plus goûtés. « La qualité gustative de la prune est exceptionnelle. Elle est très sucrée grâce à sa longue exposition au soleil », précise Jean-Luc Jagueneau. Les pruniculteurs tendent le dos pour que des pluies ne surviennent pas avant les quinze derniers jours de récolte. « La première semaine de récolte a été difficile sous la pluie. Les machines de ramassage glissaient comme sur du savon », décrit le vice-président du BIP, Patrick Léger. « Mais la deuxième semaine s’est très bien passée, nous espérons que cela se maintienne. »

Derrière sa moustache, Benoît Lefèvre garde le sourire de l’éternel optimiste. « Je ne suis pas plaintif mais assez critique sur la situation », souligne-t-il. Contrairement à bon nombre de ses voisins, Benoît Lefèvre a encore un peu d’eau dans son lac. De quoi arroser ses pruniers après la récolte, en prévision de la saison prochaine. « Il va de toute façon y avoir de la casse cet hiver », annonce déjà l’amoureux du pruneau.

 

recolte_des_prunes_47 par france3aquitaine

Source: Sud-Ouest